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The Alchemy of the word – Arthur Rimbaud / Linda Vachon

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“I turned silences and nights into words. What was unutterable, I wrote down. I made the whirling world stand still.” Rimbaud

SECOND DELERIUM: THE ALCHEMY OF THE WORD

My turn now. The story of one of my insanities.

For a long time I boasted that I was master of all possible landscapes– and I thought the great figures of modern painting and poetry were laughable.

What I liked were: absurd paintings, pictures over doorways, stage sets, carnival backdrops, billboards, bright-colored prints, old-fashioned literature, church Latin, erotic books full of misspellings, the kind of novels our grandmothers read, fairy tales, little children’s books, old operas, silly old songs, the naïve rhythms of country rimes.

Linda Vachon

Linda Vachon

I dreamed of Crusades, voyages of discovery that nobody had heard of, republics without histories, religious wars stamped out, revolutions in morals, movements of races and continents; I used to believe in every kind of magic.

I invented colors for the vowels! A black, E white, I red, O blue, U green. I made rules for the form and movement of every consonant, and I boasted of inventing, with rhythms from within me, a kind of poetry that all the senses, sooner or later, would recognize. And I alone would be its translator.

I began it as an investigation. I turned silences and nights into words. What was unutterable, I wrote down. I made the whirling world stand still.

Portraits

Portraits

Far from flocks, from birds and country girls,
What did I drink within that leafy screen
Surrounded by tender hazlenut trees
In the warm green mist of afternoon?

What could I drink from this young Oise
–Toungeless trees, flowerless grass, dark skies–
Drink from these yellow gourds, far from the hut
I loved? Some golden draught that made me sweat.

I would have made a doubtful sign for an inn.
Later, toward evening, the sky filled with clouds…
Water from the woods runs out on virgin sands,
And heavenly winds cast ice thick on the ponds;

Then I saw gold, and wept, but could not drink.

yeux eteints

Délires
II

Alchimie du Verbe

¯¯¯¯¯¯¯¯

À moi. L’histoire d’une de mes folies.

Depuis longtemps je me vantais de posséder tous les paysages possibles, et trouvais dérisoires les célébrités de la peinture et de la poésie moderne.

J’aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires ; la littérature démodée, latin d’église, livres érotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, contes de fées, petits livres de l’enfance, opéras vieux, refrains niais, rythmes naïfs.

Je rêvais croisades, voyages de découvertes dont on n’a pas de relations, républiques sans histoires, guerres de religion étouffées, révolutions de moeurs, déplacements de races et de continents : je croyais à tous les enchantements.

J’inventai la couleur des voyelles ! – A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert. – Je réglai la forme et le mouvement de chaque consonne, et, avec des rythmes instinctifs, je me flattai d’inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l’autre, à tous les sens. Je réservais la traduction.

Ce fut d’abord une étude. J’écrivais des silences, des nuits, je notais l’inexprimable. Je fixais des vertiges.

lv

Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises,
Que buvais-je, à genoux dans cette bruyère
Entourée de tendres bois de noisetiers,
Dans un brouillard d’après-midi tiède et vert ?

Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise,
– Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert ! –
Boire à ces gourdes jaunes, loin de ma case
Chérie? Quelque liqueur d’or qui fait suer.

Je faisais une louche enseigne d’auberge.
– Un orage vint chasser le ciel. Au soir
L’eau des bois se perdait sur les sables vierges,
Le vent de Dieu jetait des glaçons aux mares ;

Pleurant, je voyais de l’or – et ne pus boire. –

jour de fête

Une saison en enfer est écrit en 1873, lors d’une période troublée de la vie de Rimbaud. Période qui s’achèvera sur le plan personnel par l’emprisonnement de Verlaine qui l’a blessé légèrement en lui tirant dessus le 10 juillet 1873 et sur le plan littéraire par la rédaction et la publication de ce recueil, le seul publié par Rimbaud. Si ce recueil semble être l’expression d’une révolte personnelle et identitaire, il est surtout remise en question de l’idéal poétique qu’il avait exprimé à travers ses poèmes de jeunesse et dans les deux lettres dites du Voyant, en mai 1871.

Une Saison en enfer se compose de neuf textes :

Le titre évoque bien une damnation mais temporaire, cette idée semble présente dans la composition du recueil qu’on a l’habitude de diviser en deux grands mouvements, un premier très pessimiste qui se termine par « Délire II. Alchimie du verbe » où il critique sa propre poésie avant d’aborder un second mouvement qui apparaît comme une remontée vers le salut.

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Linda Vachon Artist :

Linda Vachon - Autoportrait

Linda Vachon – Autoportrait

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